Après avoir lancé avec le succès que l'on connaît la saga Bourne au cinéma en 2002 avec La Mémoire dans la Peau, et après la déception engendrée par Mr & Mrs Smith, Doug Liman
revient à nouveau avec l'adaptation d'un roman au concept fort
largement inspiré des super héros de la Marvel. Et ça marche plutôt
bien.
JUMPERUn film de Doug Liman
Avec Hayden Christensen, Samuel L. Jackson, Jamie Bell
Durée : 1h35
Date de sortie : 20 février 2008
David Rice découvre à l'âge de 15 ans qu'il a le pouvoir de se
téléporter. Il profite alors de ce don pour cambrioler les banques et
jouir pleinement de la vie à travers le monde entier. Mais Les
Paladins, une organisation secrète menée par le mystérieux Roland, ont
juré d'éliminer tous les « jumpers » de la planète...Tout le monde se souvient de l'épatante scène d'ouverture de X-Men 2 de Bryan Singer,
où l'on voyait le mutant Diablo, se téléporter à travers la Maison
Blanche pour tenter d'éliminer le Président. Dans ce qui est
probablement la meilleure scène de la trilogie X-Men, Diablo faisait preuve de ses pouvoirs de téléportation et des possibilités que cela offre pour des scènes d'action.
Jumper récupère le concept et l'exploite à merveille. Une inspiration venue des comics que revendique clairement Doug Liman dans son nouveau film (et avec David Goyer
au scénario le contraire aurait été étonnant) par l'aspect visuel des «
jumps » et par les nombreux clins d'oeil à l'univers Marvel disséminés
tout au long du film.
L'amateur de comics est donc en terrain connu : le jeune David découvre
pendant son adolescence qu'il a le pouvoir de se téléporter à un
endroit qu'il a déjà visité. Mais au lieu de se lancer dans une
carrière de défenseur de la veuve et l'orphelin, les premières
réactions de David seront d'aller faire un petit « jump » dans les
coffres des banques. Bien loin de la naïveté d'un Spider-Man ou le
courage d'un Superman, David ne pense qu'à son plaisir personnel,
c'est-à-dire piquer du pognon et surfer sur toutes les plages du monde.
Une réaction relativement humaine et réaliste d'un individu doté d'un
don hors du commun.
D'ailleurs c'est bien évidemment la représentation de ce don, les
fameux « jumps », qui séduit le plus. Proches des téléportations de
Diablo dans X-Men 2,
mais avec un côté plus brutal et destructeur pour le décor environnant,
les « jumps » sont les meilleurs moments du film. Le passage d'un décor
à l'autre surprend toujours et l'on se demande où Hayden Chrsitensen
va atterrir. Un aspect fantastique qui réussit aux séquences d'action,
notamment l'excellente course-poursuite entre « jumpers » à travers
divers endroits de la planète. Le concept est très fun, parfaitement
exploité par le réalisateur et visuellement réussi grâce à des effets
spéciaux impeccables. Dommage que le scénario ne passe pas un peu de
temps, non pas pour expliquer le phénomène que l'on sait de toute
manière impossible, mais pour montrer comment David apprend à maîtriser
son pouvoir et à le faire évoluer.
Un manque de consistance et d'approfondissement que l'on retrouve malheureusement souvent dans
Jumper.
Ainsi Les Paladins, l'organisation secrète qui traque les « jumpers » à
travers le monde est pour le moins survolée. On ne saura pas
grand-chose de leurs motivations, si ce n'est un vague prétexte de
fanatique religieux, et encore moins sur leur logistique qui se résume
à Samuel L. Jackson escorté par deux ou trois sbires d'usage équipés de grappins électriques. Un manque de caractérisation identique à celui de Mr & Mrs Smith où l'on ne savait pas grand-chose de l'organisation pour laquelle travaille Angelina Jolie. Cela nuit considérablement à l'impact et à la crainte que sont censés provoquer les Paladins, grands méchants l'histoire.
De même, Doug Liman nous refait le coup de la fin abrupte de Mr & Mrs Smith, qui ici ne résout aucun enjeu, et reste plus qu'ouverte pour une éventuelle suite. Finalement très sympathique,
Jumper ressemble alors à un pilote de série télé ultra-friquée, présentant le concept et les personnages. Doug Liman
pose les bases pour une future suite que l'on espère toujours aussi fun
en exploitant encore plus le pouvoir de son héros, et où le réalisateur
approfondira la mythologie qu'il essaye de mettre en place autour des «
jumpers » et des Paladins.
Stanislas Bernard